CENTRE DE FORMATION DU FOOTBALL CLUB DE LORIENT
Le centre de formation, c’est un peu l’antichambre de l’équipe pro dont sont issus la plupart des joueurs. Une pépinière qui prépare les jeunes au haut niveau. Labellisé « Établissement d’accueil pour sportifs de haut niveau (SHN) » par les Services de l’État, l’École des Merlus offre les meilleures conditions aux joueurs pour mener de front leur double projet : réussir leur parcours scolaire, personnel et leur carrière sportive.
Rencontre avec Régis Le Bris, directeur du centre de formation du FC Lorient, depuis sept ans
UNE ÉCOLE DE LA DIVERSITÉ OÙ TOUS LES PROFILS SONT PERMIS
Comment identifiez-vous et recrutez-vous les jeunes à l’entrée du centre de formation ?
Le processus d’entrée s’effectue vers l’âge de 15-16 ans.
Certains garçons sont déjà dans notre école de football et sont au club depuis plusieurs années. Nous connaissons leurs performances et leur potentiel footballistique à continuer le parcours. Pour les joueurs de l’extérieur, nous avons mis en place un dispositif de recrutement avec des observateurs qui se déplacent dans le grand Ouest ainsi qu’en région parisienne. Le recrutement extérieur est plus difficile car les temps d’observations plus courts limitent notre travail d’enquête. Il s’agit de questionner les performances pendant les matchs, de rencontrer les familles, les éducateurs et d’évaluer leur comportement vis-à-vis de l’activité et surtout leur projet.
Nous nous interdisons d’avoir des critères trop précis pendant les sélections pour s’ouvrir à des profils parfois hors normes.
Nous allons étudier la maturité du joueur et de son projet en nous interrogeant sur :
- sa capacité d’apprentissage,
- sa curiosité,
- sa passion pour le jeu et le football en général,
- la qualité de son environnement, et son niveau de responsabilisation.
Nous allons ensuite nous attacher à identifier, sur le plan footballistique, son talent particulier, son point fort.
Et cela passe par une phase d’observation importante. Contrairement à certains sports comme le basket ou la natation, qui imposent des critères physiologiques et morphologiques précis et déterminants, le football développe des talents aux profils très différents, techniques, tactiques, physiques… Certaines finales de Ligue des Champions nous ont démontré que la taille d’un défenseur central pouvait être de 1m75 alors que les croyances de notre milieu exigent 1m85 et plus !
L’habilité technique, c’est-à-dire la relation au ballon, est également déterminante, pour certains d’entre eux, c’est dans leur histoire. Issus des quartiers par exemple, ils ont grandi et se sont construits avec un ballon au pied dès l’âge de 3 ou 4 ans. Ils ont développé une approche très duelle de la relation : 1 contre 1, 2 contre 2… dans des espaces souvent réduits. Cela a développé chez eux une motricité fine très utile pour le haut niveau.
On va également prendre en compte l’intelligence de situation du joueur, parfois difficile à évaluer car cette dernière évoluera en fonction du contexte.
Un bon joueur doit être en capacité de coopérer, c’est très important. L’efficacité collective, c’est la manière dont l’équipe peut résoudre des problèmes dans les différents moments du jeu. C’est une longue quête pour réussir à obtenir ce résultat. C’est beaucoup plus facile quand les joueurs sont au club puisque cette notion de collectif apparait au fur et à mesure de l’expérience dans un contexte d’entraînement et de compétition qui est le nôtre.
Quelle est l’approche pédagogique du centre ?
Le développement du joueur passe par le développement d’une forme d’autorité que l’on va définir autour de 3 piliers :
- La connaissance du jeu. Le joueur va devoir la développer en situation d’entraînement puis ensuite en compétition pour tendre vers une efficacité toujours plus importante par rapport au jeu et à sa progression vers le niveau professionnel.
- L’affirmation. Il faut que le joueur ait la capacité de mener ses décisions jusqu’au bout et de les assumer dans un environnement concurrentiel.
- L’analyse des erreurs. Dans notre culture française, l’erreur est stigmatisée par l’école, par les parents, par différentes personnes or c’est un outil de construction incroyable. L’erreur est signifiante d’une mauvaise prise d’information et de décision, d’une mauvaise connaissance, peut-être une histoire qui est propre au moment du match.
L’utilisation de la vidéo va nous permettre d’identifier ces erreurs et leurs redondances. Car si elles se répètent, c’est qu’elles sont la plupart du temps liées à des habitudes de jeu, à des croyances, qui sont installées. Tout l’enjeu est de les trouver et de construire une résolution avec le joueur.
Au bout des 21ères années de formation au centre, des différences majeures apparaissent entre les jeunes notamment au niveau de l’exécution sur le terrain, certains franchissent des paliers, d’autres stagnent. Dans la plupart des cas, ils s’en rendent compte par eux-mêmes car tout au long de la formation, notre approche et notre accompagnement leur permettent d’être dans l’auto-analyse de leurs performances.
Même si certains jeunes ne réalisent pas leur rêve de carrière professionnelle, le centre de formation est un vecteur d’intégration professionnelle. Ils sortent avec un niveau de National 3 et peuvent intégrer des clubs qui vont leur proposer des métiers qui font écho à leur formation initiale.
Le niveau scolaire de l’école est très bon, nous possédons un internat avec un lycée et une quarantaine d’élèves, chacun suivant une scolarité ajustée entre 20 et 24 heures de cours. Ils sont une douzaine en seconde et 4 ou 5 par classe en première. Ces effectifs très réduits permettent un apprentissage presque individualisé. Depuis deux ans, nous sommes à 100% de réussite au bac et proposons même un BTS pour ceux qui ont envie d’obtenir un BAC+2.
À PROPOS DE RÉGIS LE BRIS
Régis a rejoint le centre de formation du Stade Rennais à l’âge de 15 ans, il y a été footballeur professionnel pendant 2 saisons avant d’évoluer sous les couleurs du Stade Lavallois pendant 3 saisons. Diplômé d’un parcours universitaire qui l’a emmené jusqu’à un doctorat en STAPS physiologie et biomécanique, il s’est passionné par la formation et obtient un DU en préparation mentale. Il se forme ensuite à la direction d’un centre, et rejoint le Football Club de Lorient il y a 7 ans pour en diriger le centre de formation.
L’ESPRIT D’ÉQUIPE EN 4 QUESTIONS
PAR LOIC COUPANNEC, PEGASUS LEADERSHIP :
Quelle est votre définition d’une équipe ?
Groupe d’hommes et de femmes aligné sur un projet commun et partagé.
Pouvez-vous commenter cette citation d’Aimé Jacquet : « Le travail individuel permet de gagner un match mais c’est l’esprit d’équipe et l’intelligence collective qui permet de gagner la coupe du monde. »
Chaque match est une coupe du monde.
Est-ce que l’on doit forcément aimer son coéquipier pour réussir ?
Aimer est l’idéal, respecter est le minimum vital.
Votre meilleure expérience en équipe ?
Ne pas avoir à expliquer.